Une fois revenus de la cour [PV: Eléna]

Quand Gabriel choisit le moment de clamer son envie de manger avec autorité, Eléna rigola doucement. Oui il fallait bien avouer que voir ainsi le normalement maître se faire ainsi gouverner par son impérial chat, ce devait être hilarant. Pas le moins du monde vexé par cet éclat de rire léger et cristallin qui lui ravit les oreilles, Angelo laissa planer sur ses lèvres un doux sourire mi-joyeux, mi-gêné. Il était vraiment très agréable pour lui ce moment ou plus rien n'avait de sérieux, ou d'importance, ou l'on pouvait se confier, dire ce qu'on voulait sans crainte de représailles.

Elle accepta de l'accompagner encore une fois et ceci lui fit vraiment plaisir. Quand elle parla de son cours de métamorphose à venir, il se rendit compte que lui aussi aurait bientôt des cours à suivre. Il avait totalement oublié ce léger détail. Il n'était jamais arrivé en retard alors il était heureux pour lui qu'il s'en soit souvenu grâce à la Poufsouffle. Cela fit passer une ombre sur son visage, il n'avait décidément pas envie que cela s'arrête. Il était si bien...

Elle se leva alors et il fit de même, ne voulant pas être en reste. Après tout c'est lui qui lui avait proposé alors il n'allait trainasser. Gabriel les suivit de son pas allongé, souple et silencieux. Ils s'engagèrent sous les arcanes ombragées de la cours intérieures, puis s'engouffrèrent derrière l'une des lourdes portes qui menaient vers l'intérieur du château. Angelo, qui connaissait parfaitement le chemin vu le nombre de fois qu'il y allait pour Gabriel, ne se perdit pas le moins du monde dans le labyrinthe que constituait les couloirs et les croisées de Poudlard. Il n'y avait personne dans les corridors à cet instant de la journée, évidemment car nous étions en plein milieu d'une heure de cours. Ils arrivèrent bientôt devant le tableau de salade de fruit qui cachait la cuisine géante et grouillante d'elfes de maison de l'école. Cet endroit n'était jamais vide, il était un peu le lieu de vie de tous les elfes si bien qu'il y en avait toujours quelques un qui y trainaient, même aux plus sombres heures de la nuit.

Le Serdaigle s'approcha de la poire et la chatouilla. Alors une poignée apparut tandis que le rire de la peinture magique s'évanouissait dans l'air et l'adolescent tira la porte. Sans attendre, son félin bondit dans la grande pièce bien chaude et remplie de bonnes odeurs en miaulant. Le jeune maître-ami quand à lui sentit son estomac gargouiller : il n'avait pas beaucoup mangé au petit déjeuner, ayant peu d'appétit, mais le temps passé, son estomac se manifestait enfin. Il entra en se baissant pour ne pas se cogner la tête au chambranle et afficha un petit sourire gêné devant la tenue très mince de son chat.

Celui-ci gambadait dans tout l'espace, miaulant aux oreilles pointues de certains elfes qu'il semblait bien connaître, les faisant ainsi rigoler ou sursauter. Mais cette fois aucun d'eux n'avait le temps de s'occuper de Gabriel. Le repas de midi approchait dangereusement et ils n'avaient plus le temps. Alors le matou, mécontent, sortit les griffes et s'apprêta à déchirer une nappe entière lorsque son ami-maître l'attrapa à bras-le-corps pour le mettre hors de portée de toute nappe innocente. La scène fit rire encore plus d'elfes et finalement un couple de très vieux serviteurs s'approcha avec une assiette sur laquelle était posé un généreux morceau de poisson cru. Du saumon qui plus était.

Confus de tant d'attention, Angelo s'excusa encore et encore auprès des elfes qui rigolaient de plus en plus, amusés de la gêne du jeune homme. Celui-ci, une fois bien certain que tout était à peu près sous contrôle, demanda au couple de vieux elfes qui n'avait pas bougé, sentant que lui aussi avait besoin de quelque chose, la voix encore un peu gênée, il s'exprima :

« Je... Je suis venu en partie pour Gabriel mais, Patty, Elmy, avez-vous aussi quelque chose pour moi? Un bout de pain ou... Et pour mon amie aussi, Eléna. »

Les deux vieux elfes hochèrent vigoureusement la tête d'avant en arrière pour signifier un « oui » et s'éclipsèrent après un coup d'œil curieux en direction de la Poufsouffle qui était restée près de la porte. Le jeune homme revint vers elle et lui prit la main avec un petit sourire pour qu'elle avance. Il la mena au centre de la cuisine, la fit asseoir à une table, et s'assit à son tour. L'encas n'allait pas tarder.

Ne cherchant pas à savoir si le Serdaigle la suivait, Eléna continuait sa route et fut très vite rattrapée par Angelo qui prit les devant. Ils se retrouvaient à marcher parmi le dédale de couloirs. Un élève étranger, aurait du mal à se retrouver dans cette école et Eléna fut la première à s'y perdre. C'était sa première année et déjà, elle cherchait en vain la salle de cours de sortilège. Les autres élèves plus âgés se moquaient de la situation et Eléna s'en était senti peiné. Au bout de plusieurs minutes, elle trouva une jeune fille d'un an plus âgé qu'elle et lui donnant la direction. Arrivée dans la salle de classe, elle s'était excusée et avait ainsi commencée son premier cours.

Tant de souvenirs qui ont eu lieu de la mettre à l'écart des autres. Les deux jeunes gens continuèrent leur chemin vers les cuisines, haut lieu de la gastronomie. Faut dire que les élèves ne manquaient pas de nourriture qui en plus est délicieuse. Un tableau représentant une corbeille de fruit fit son apparition. Qui ne connaissait pas ce passage par cœur, surtout un Poufsouffle. Les fêtes allaient bon train dans la salle commune et la nourriture était la dada des Poufsouffles surtout que la salle commune se situait non loin de la cuisine.

Une ouverture se matérialisa devant les deux jeunes gens et Eléna resta dans l'embrasure tandis qu'Angelo parlait avec deux elfes qui semblaient bien le connaitre. Apparemment, il avait l'habitude de s'y rendre et Eléna ne put constater que ce phénomène à la vue du chat. Bien sur, nourrir un chat. Ne voulant pas être dérangeante, la jeune fille était restée en place comme une fille bien sage. Angelo s'approchait d'elle, lui prit la main pour la faire assoir à une table. C'était bien la première fois qu'on se comportait ainsi avec elle. Assise, elle regarda autour d'elle, les elfes s'activer pour le repas du midi. Ils étaient tels des grand chefs, c'étaient vraiment intéressant de les voir à l'ouvrage.

- Je n'ai pas l'habitude de venir ici mais je sais que certains de mes camarades ne s'en privent pas surtout le samedi soir.

Une chaleur dans la pièce était présente. Il faut dire que les fourneaux marchaient à plein régime. Des elfes arrivèrent à leur rencontre et leur déposa un encas pour attendre le diner de midi. Eléna les remercia par tant de gentillesse.

- Les elfes sont au petit soin pour Gabriel.

Le chat mangeait avec délectation son plat composé d'un morceau de saumon. Il était le roi qui plus est.

Pour une Poufsouffle, elle n'avait pas l'air de bien connaître l'endroit. Certes comme tout bon élève qui finit toujours par savoir où est la cuisine, elle savait ce que cachait le tableau de la corbeille de fruits, mais elle ne donnait pas l'impression d'être à son aise dans ce lieu, comme Gabriel et lui. Il avait déjà croisé nombre d'autres élèves d'autres maisons et d'autres années, et il lui avait toujours semblé que les Poufsouffles étaient les plus redondants. Ils étaient les plus nombreux à passer à la cuisine, et à demander à manger. Mais visiblement, pas Eléna.

Et avant qu'il n'ai pu lui poser la question, elle confirma ses impressions en lui avouant qu'elle ne venait pas souvent en cuisine. Il haussa un sourcil et croisa les mains sur la table qui était encore libre de tout plat. Il la regarda et demanda poliment de sa voix grave et douce :

« Vraiment? C'est bien dommage, ça nous aurait fait un point de rendez-vous tout dédié. Enfin... Si tu n'aime pas particulièrement la nourriture, je ne vais pas t'obliger à venir ici juste pour que je puisse te voir ! »

Il se rendit de la tournure que prenaient ses paroles et rosit légèrement avant de se racler la gorge et de partir d'un petit éclat de rire gêné puis de tourner la tête ce qui eut pour effet de cacher son visage avec une de ses mèches blondes.

Un silence paisible s'installa, bientôt coupé par la venue de Patty et Elmy qui déposèrent devant eux un plein plateau de roulés à la compote et une cruche pleine de jus de citrouille bien frais. Angelo ouvrit de grands yeux et toussota encore une fois de gêne : il avait un peu faim, certes, mais il se sentait incapable de manger tout ça. Et vu la corpulence d'Eléna, il doutait qu'elle possède un appétit d'ogre. Il secoua la tête, se doutant que cette fois encore, il allait rendre un plateau encore aux trois quart plein.

La jeune fille choisit ce moment pour faire un commentaire sur son chat. En effet, le félin noir au pelage aussi particulier mangeait avec soin et appétit son saumon. Encore une fois, lui ne laisserait rien dans son assiette. Il la rendrait resplendissante, comme si elle sortait des étagères de vaisselle propre. C'était un avantage avec Gabriel, il ne demandait à manger que quand il avait vraiment faim. De ce fait, le Serdaigle ne venait pas si souvent que ça à la cuisine mais on finissait par le connaître.

Il reposa les yeux sur le plateau de roulés et soupira avant de s'excuser en passant la main dans ses cheveux :

« Je suis désolé. Ça fait vraiment beaucoup pour nous deux. Enfin moi je sais que je ne vais pas tout finir. Parce qu'un petit creux ne se remplit qu'avec de petites quantités. En tout cas, je t'en prie, sers-toi et bon appétit. »

Il sourit d'un air complice à Eléna et se saisit de son premier roulé. Il le mangea assez rapidement avant de servir deux verres de jus de citrouille. Il tendit le sien à celui que la demoiselle venait de prendre et il trinqua. Avec un clin d'œil, il vida le sien en deux gorgées. C'était vraiment délicieux et rafraichissant. C'était de loin sa boisson préférée. Si un jour la Terre venait à manquer de citrouilles et donc de jus de citrouille, il ne s'en remettrait jamais. Du moins le croyait-il.

Il se saisit de son deuxième roulé tandis que Gabriel finissait son plat. Repus le chat vint s'asseoir sur la table et s'assoupit pour accélérer la digestion. Devant tant de sans-gêne, Angelo leva les yeux au ciel et lança un regard d'excuse en direction des elfes de maison qui eurent des sourires complices. Bientôt les ronrons se firent entendre dans tout les alentours immédiats de la table et quelques éclats de rire retentirent.

« Je l'ai vraiment mal élevé... Ce chat fait vraiment n'importe quoi... »

Marmonna Angelo d'une voix découragée.

Eléna regardait les alentours puis Angelo répondit à sa remarque. Elle eut du mal à bien assimilé les paroles qu'elle venait d'entendre. Bien qu'elle n'avait pas l'habitude de se rendre dans les cuisines, elle n'était pas non plus contre l'idée d'y retourner. Simplement qu'aller dans les cuisines n'étaient jamais venu à son esprit et d'habitude, c'était les autres qui allaient à sa place pour le samedi soir. La jeune fille put comprendre que le Serdaigle souhaitait bien la revoir et que les cuisines auraient pu être le lieu de retrouvailles.

Angelo paraissait gêner de la phrase qu'il venait de prononcer. Il faut dire qu'Eléna fut un peu surprise aussi mais elle finit par sourire devant le mine d'Angelo, assez confus. Elle ne préféra pas commenter et de toutes manière, les elfes arrivèrent avec un plateau de roulés à la compote et du jus de citrouille comme boisson. Elle les remercia et entreprit de se servir d'un roulé.

- Peut-être beaucoup oui mais au moins, on ne va pas mourir de faim.

Angelo servit deux verres de jus de citrouille. Eléna en prit un et après avoir trinqué, elle but une gorgée. Elle ne put réprimer un rire en voyant le Serdaigle vider son verre à une sacrée vitesse.

- Je vois que tu avais soif...

Mais à peine ces mots prononcés, le chat du Serdaigle se positionna sur la table et tomba dans les bras de Morphée durant la digestion. Eléna avait la même mine qu'affichait les elfes, c'est à dire, très amusé par la situation. Il faut dire qu'un chat qui prenait ses aises...enfin, elle trouvait ça vraiment touchant et amusant. Avoir un animal de compagnie prenait de son temps certes mais on n'oubliait pas les moments passées en sa compagnie. Eléna avait sa chouette Luna aussi sombre que la nuit mais argenté dans la lumière. Quand la Poufsouffle avait besoin de parler, de se sentir moins seul, la chouette était là. Elle ne pourrait plus s'en passer.

- Et tu as des frères et soeurs ? Enfin, où tu vis, etc....

Elle prit un autre roulé. Les elfes étaient vraiment des magiciens de la cuisine, c'était un délice. Pour que le silence ne se pose pas trop longtemps, la Poufsouffle posa cette question et puis il faut bien apprendre à se connaitre non ? Déjà que rien que penser qu'elle venait de se faire un nouvel amis, lui donnais le sourire. La solitude était bien mais parfois, un peu de sociabilité ne faisait pas de mal. Eléna l'avait bien compris et souhaitait y remédier.

Eléna n'était pas une fille à tout dévoilée sur sa vie, sa famille mais elle se sentait en confiance avec Angelo, elle paraissait plus sereine, moins tendu...en faites, elle même.

Eléna vit arriver le plateau de roulés à la compote avec un air neutre, apparemment la quantité astronomique de roulés ne semblait pas lui faire peur, ni la choquer outre mesure. D'ailleurs, elle appuya bientôt son air nonchalant par une petite remarque pleine de justesse. Il hocha la tête avec vigueur avant d'entamer le plateau.

Et tandis qu'il buvait son verre de jus de citrouille à grande vitesse, il entendit un petit rire. Tournant ses yeux azurs vers la demoiselle, il vit que c'était bien elle qui avait laissé échapper cet éclat. Curieux et ravi, il se tourna vers elle et il n'eut pas besoin de lui demander la cause de cette hilarité que déjà elle s'expliquait. Ah. Oui, il avait bu vite mais que voulez-vous? Le jus de citrouille et lui étaient des amis très proches...

« Hm. Oui j'avais soif mais il faut dire que je pourrais boire des litres de jus de citrouille, j'adore ça! C'est tellement rafraichissant. Même en hiver, je ne bois pratiquement que ça. »

Quand Gabriel s'étala sur la table pour dormir et digérer tout son saumon, la Poufsouffle afficha le même visage que celui des elfes de maison. Vraiment indigné par l'attitude de son chat, Angelo essaya de le pousser mais l'animal resta sourd à toutes ses protestations. Soupirant, le Serdaigle passa une main dans ses cheveux et laissa tomber.

Et puis, elle lui posa une question. Une simple question mais qui plongea le jeune homme dans un mutisme alarmant. Il s'assombrit et baissa la tête. Oui, il avait un frère, un grand frère, son héros, Maximel. Et celui-ci avait disparut, là-bas, en Transilvanie. On l'avait pourtant bien prévenu de ne pas y aller mais... Le magicomage apprenti n'en avait qu'à sa tête et accepté une mission extrêmement dangereuse là-bas. Pour ne plus revenir.

Serrant les poings sur la table, Angelo se concentra et tenta de calmer et de maitriser sa voix quand il répondit. Car il devait répondre, Eléna ne devait pas subir sa mauvaise humeur pour une simple question, de plus, s'il ne lui répondait pas, il risquait de gâcher toute celle belle rencontre. Il parla donc d'une voix sourde et très basse, emplie d'une colère froide :

« Oui j'ai un frère. Il s'appelle... S'appelait Maximel. Il a disparut il y a quelques temps lors d'une mission suicide en Transilvanie. Il m'a abandonné. C'était... Mon seul point d'attache dans la famille et il m'a laissé tout seul. Maintenant, à cause de lui, je me sens étranger dans une maison qui devrait être la mienne. »

Au fur et à mesure qu'il ouvrait son cœur à la jolie demoiselle assise à côté de lui, il avait sentit sa voix devenir tremblante de rage, et ses ongles, bien que courts, avaient quand même réussis à entamer la peau de ses paumes sous l'effet de la tension qui y était appliquée. Se rendant compte qu'il perdait pied, il prit une profonde inspiration et encore une fois, et ce, jusqu'à ce qu'il sente la raideur s'en aller de ses membres. Enfin, une fois sûr d'être calmé, il redressa lentement la tête, une petite flamme de colère encore allumée dans ses yeux à présents bleus nuits et il reprit la parole d'une voix plus calme :

« Je te demande pardon. Je me suis laissé emporter. Mais... Et bien disons que mon frère me laisse un goût amer dans la bouche à chaque fois que j'en parle ou que j'y pense. Pardon. Et... Et toi? Enfin si tu ne veux pas me dire, je comprendrais tout à fait. »

Et il passa encore une fois sa main dans ses cheveux, tenta un petit sourire qui se fit contrit avant de baisser de nouveau la tête, honteux de son peu de self-contrôle.

L'attitude du chat ne la dérangeait point même elle trouvait ça amusant. Le plus comique dans cette histoire est que Gabriel n'avait pas l'air d'être un chat très obéissant à son maître et même si le Serdaigle essayait de le pousser de la table, c'était peine perdue. Les elfes étaient au moins d'accord avec la jeune fille à son sujet. Prenant un deuxième roulé, elle rigola encore légèrement quand il affirma qu'il adorait le jus de citrouille. A l'allure où il ce l'était enfilé, ça ne la surprenait guère.

Eléna avait posé une question et elle ne pensait pas que Angelo réagirait de la sorte. La Poufsouffle cherchait simplement à en apprendre plus sur lui et regrettait déjà d'avoir posé cette question. L'air sombre qu'il affichait et son ton froid à sa réponse lui donna des frissons. Son frère se nommait Maximel et par une mission, il avait disparu abandonnant Angelo, seul dans ce monde. Perdre sa famille était une chose horrible et qu'Eléna avait eu de la chance de pouvoir échapper. Attendant qu'il se calme, la Poufsouffle resta muette, à l'observer de ses yeux.

Il s'excusa ensuite de sa conduite. Même si elle avait été surprise de son attitude, car elle ne comprenait pas, elle sourit et finit par lui répondre :

- Ce n'est pas grave. Il faut dire que j'aurais mieux fait de peut-être pas la poser...

Angelo retourna sa question et Eléna bus une gorgée de jus de citrouille. Elle repensa à son frère, auror, le chouchou de la famille qui avait réussis dans la vie et dont les parents n'avaient d'yeux que pour lui. Bien qu'elle l'aimait d'un amour fraternel, elle ne pouvait s'empêcher aussi de ressentir de la jalousie à son égard. Elle n'avait pas eu la chance d'être chérie comme l'avait été Ewan. Eléna était déjà une fille solitaire et mystérieuse dès son plus jeune âge et voyant qu'on ne pouvait pas en tirer partit, ses parents l'avaient laissé vivre sa vie sans trop se soucier d'elle. Certains souhaiterait cette situation dans l'âge de l'adolescence mais Eléna se sentait comme exclue à chaque fois qu'elle franchissait le seuil de sa maison.

Mais il existait une lumière, sa grand-mère, pianiste renommée qui lui avait enseigné l'art de la musique et qui s'occupait très bien d'elle. La seule personne qu'elle ne voudrait jamais perdre, c'était bien elle.

- J'ai un frère, Ewan. Il est auror et on va dire qu'il est le centre de la famille. Pour ma part, j'ai eu de la chance de ce côté là. J'ai une famille....

Sa réponse était neutre mais laissant entendre qu'elle était la petite seconde, la fille à ne pas se soucier. Enfin depuis elle avait l'habitude de tout cela.

- Parfois, j'ai hâte de pouvoir être majeur et de pouvoir vivre une vie qui me plait.

Elle soupira suite à cette phrase.

Eléna mit tellement à lui répondre qu'il crut avoir un instant tout gâché mais... Elle finit par sourire, un petit sourire forcé et lui répondit que ce n'était pas grave. Oh si ça l'était! Manquer à ce point de tenue et en plus devant une fille si jolie... Ça tenait de l'impardonnable. Enfin Angelo se trouva bien rustre, surtout quand elle rejeta sur la faute sur elle-même en disant qu'elle n'aurait pas du poser la question. Hein? Mais bien sur que si! C'était tout à fait normal c'était lui qui était... Bizarre. D'ailleurs, il s'empressa de le lui dire avec conviction :

« Non, non, tu as bien fait! C'est normal que tu pose des questions. C'est juste moi qui n'ai pas réagit comme il aurait fallu. Enfin, je suppose qu'on s'en fiche un peu... De ma bizarrerie. »

Il rigola d'un air gêné et la regarda boire une gorgée de jus de citrouille. Elle était vraiment jolie. Ses longs cheveux... Telle une cascade, ils ruisselaient sur ses épaules et ça donnait envie d'y plonger le visage... Angelo cligna des yeux, non mais à quoi pensait-il...? Il devenait encore plus dingue que d'ordinaire. Il détourna les yeux et attendit la réponse de la demoiselle à son retour de question.

Celle-ci ne se fit d'ailleurs pas attendre très longtemps et un sourire illumina son visage. Non pas que les propose de la demoiselle soient hilarants mais simplement, il comprenait mieux que personne ce qu'il ressentait. A la différence que son frère à lui, l'aimait aussi, ils étaient les meilleurs amis du monde... Avant.

Elle soupira et dans un geste instinctif, il lui saisit la main. Se rendant compte dans la seconde de ce qu'il avait fait, il la retira presto et rougit violemment. Détournant le visage et se cachant derrière ses cheveux argents, il souffla imperceptiblement pour se calmer. D'accord, elle avait besoin de soutien m'enfin à ce point... Il avait carrément dérapé. Si elle ne voulait plus être son amie après ça, il comprendrait et ça serait bien fait pour lui.

Il murmura en réponse aux réflexions de la demoiselle :

« Et bien... Je pense souvent la même chose... Ceci dit, moi je me soucie de toi, et ça me fait de la peine de t'entendre parler comme ça. Tu n'es pas insignifiante et si tes parents sont assez aveugles pour ne pas t'apprécier et bien... Non rien. »

Il allait finir par se gifler lui-même. Il avait failli critiquer les parents d'une demoiselle qu'il venait à peine de rencontrer! Deuxième grosse erreur. Il ne les connaissait même pas ses parents et pour un peu qu'elle les aime, elle n'apprécierait certainement pas qu'on critique sans savoir... Malheur sur lui.

Pour dissiper son malaise, il se leva et remarqua alors :

« Bon si je continue à te retenir ici avec mes délires d'illuminé, tu vas finir par être en retard. On ferait mieux de remonter. Tu veux que je t'accompagne à ton cours? Tu as quoi comme matière? »

Eléna fut tout de même rassurée par la phrase d'Angelo. Pendant un temps, elle avait espéré ne pas avoir jeté un froid entre eux deux. La jeune fille but une gorgée de jus de citrouille. Sur elle, elle sentait un regard, comme si on la fixait. C'était bien la première fois qu'elle avait cette impression et quand elle eut finit, elle tomba sur le Serdaigle qui détourait des yeux. Elle ne pouvait pas savoir ce qui se passait dans la tête du jeune homme mais elle en fut un peu..non enfin...elle laissa ça dans un coin de sa tête.

Suite à la réponse que la Poufsouffle avait donné, Angelo se saisit de sa main pour aussitôt l'enlever. Elle eut comme un moment d'absence. Et elle fut touchée par la rougeur qu'offrait Angelo. Pendant qu'il se cachait, elle pouvait admirer ses cheveux argentés, légèrement en bataille avec ses yeux d'un bleu clair et profond. S'en était presque hypnotisant. Elle pouvait comprendre que des filles pouvaient courir après lui. Attendez une minute, là voilà à penser ainsi. D'habitude, ça ne lui arrivait jamais...

Angelo prononça une phrase et qu'elle écouta avec attention. Ainsi il se souciait d'elle, une chose qu'elle n'avait pas l'habitude d'entendre de la bouche d'un autre. A la fin de sa phrase incomplète, elle se mit à réfléchir. Si elle devait quitter ses parents, ça ne lui ferait pas grand chose. Quitter sa grand-mère serait une autre paire de manche.

- Merci de te soucier de moi, ça me touche. Pour ce qui est de mes parents, tu as raison et pour te dire, je vis presque tout le temps avec ma grand-mère. Elle est la personne qui m'est le plus cher dans ma famille, sans elle je ne suis pas grand chose.

Elle en était même à admirer cette personne qu'elle considérait presque comme sa vrai mère. C'était pour dire.....Si elle savait aujourd'hui jouer du piano, étudier dur et effectuer différentes activités, c'était bien grâce à elle. Ses parents ne faisaient que lui payer ses études mais quand au reste, ils s'en souciaient guère. Angelo mit fin à ses réflexions en lui disant qu'elle devrait peut-être se dépêcher pour aller en cours. Ah oui !

Elle se leva et déclara :

- Si je ne veux pas être en retard...Si tu veux bien m'accompagner, ça me ferait plaisir. J'ai métamorphose.

Elle prit son sac et s'engouffra dans le couloir menant à la salle de classe tout en regardant si Angelo la suivait. C'était étrange de ressentir cette impression de se soucier de l'autre et de se sentir à l'aise avec cette personne. Avec le Serdaigle, elle pouvait tout dire sans être jugé..enfin c'était ce qu'elle ressentait au fond d'elle-même. Le quitter serait comme une sorte de vide en faites..c'était vraiment frustrant.