Engueulades [pv James]

Marchant (à la base) vers la bibliothèque, je dois avouer que cela faisait un bon moment que je ne réfléchissait plus où me menait mes pas. Je regardais mes pieds qui avançait inlassablement vers je ne sais quoi.

J'avais d'abord pensé qu'une longue marche m'aurait empêchée de penser à des sujets... désagréables. Manque de chance, mon cerveau avait encore plus temps pour réfléchir qu'avant et donc, plus de moyens pour me torturer.

Dans ma tête, je ne cessais de retourner les évènements de ces derniers jours. Je passais la plupart de mes journées dans la bibliothèque en ce moment. Premièrement, ça me changeait les idées. Et puis la bibliothèque n'était pas vraiment le genre d'endroit que James Potter fréquentait...

Après ce qu'il s'était passé, j'essayais de ne plus penser à lui. Alors j'essayais le fuyais comme la peste et quand la situation m'obligeait à rester près de lui, je l'avadakedravrais en lui lançant des regards noirs. Enfin, jusqu'à maintenant, je n'avais jamais eu le courage de lui lançer un seul coup d'oeil... en fait, je me contentais de l'ignorer.

La question que je me posai sans cesse ne le concernait pas. A vrai dire, je savais depuis longtemps qu'il n'était qu'un gamin égoïste qui ne se souciait pas des sentiments des autres. J'avais juste eu la comfirmation qu'il était aussi immature et vil que je le pensais.

Cette fameuse question m'était destiné : comment avais-je pu tomber dans son piège ? Pourquoi n'avais pas un peu plus réfléchit avant de...

Je soupirai (encore). C'était trop tard pour se lamenter. La seule chose que je pouvais faire, c'est m'assurer que jamais plus je ne me laisserais avoir.

Je fermais les yeux en répétant ce mot : Jamais.

Malheureusement, marcher les yeux fermés n'a jamais été évident (surtout dans un endroit comme Poudlard). Au détour d'un couloir, mon nez se heurta à une surface dure et plane. Un mur ? Hum... Depuis quand un mur avait deux bras pour rattraper les jeunes gens qui se cognait à lui ?

[HS : Hum, pas très long mais bon. Je suis pas plus inspirée que toi.]

Les yeux verts de Lily le hantaient jour et nuit.

Sans savoir ni comment, ni pourquoi, les prunelles émeraude si caractéristiques de la Préfète le poursuivaient partout, s'étaient implantés dans son esprit pour ne plus jamais en sortir. Lorsqu'il fermait les paupières, il les voyait, inlassables, qui répétaient le même schéma horriblement triste et un tantinet pathétique : Les yeux se remplissaient de larmes, mélange de haine, de peur et d'angoisse atroce avant de disparaître.

Ce n'était pas l'idéal pour être de bonne humeur ni pour bien dormir. A chaque fois qu'il rêvait, la rousse pleurait puis mourrait aussitôt.

James était donc tout le temps de mauvaise humeur, fatigué, encore plus arrogant et exécrable que d'habitude. Il ne pouvait pas dormir, ne pouvait pas se laisser aller sinon, les prunelles le comblaient de honte et de culpabilité.
Mais la voix, insidieuse, cette voix de vipère, lui susurrait avec quelques pointes enfantines et languides, qu'il avait fait le bon choix. Il faisait partie des gentils, disait-on naïvement, il n'aurait pas supporté de devoir mentir à la rouquine.

Pas vrai ?

Quand la voix se taisait, le Gryffondor pensait. Et il pensait qu'il aurait pu faire un effort, faire semblant, continuer dans son délire d'amour mort-né. Il avait peut-être été amoureux d'elle, tout compte fait... Mais dans ses insultes, dans ses résistances, n'avait-elle pas étouffé cet amour avant qu'il ne puisse se développer ?

Qui sait ? La voix, qu'il avait surnommé Serpent, ne répondait pas à ses questions. Bah, ce n'était juste qu'une invention de ce son cerveau, de toute façon. Qu'aurait-elle pu dire ?

James réfléchissait à tout cela justement, lorsque un corps étranger vint le percuter, au détour d'un obscure couloir du 1er étage.

Instinctivement, il attrapa l'inconnu, l'inconnue plutôt au vu de ses hanches délicieuses qu'il toucha par erreur. Emportée dans son élan, la fille continua sa chute, même s'il la tenait. James réussit à la stabiliser.

Sourire aguicheur. La fille, dont il ne voyait pas le visage, avait quelque chose de séducteur, de féroce, qui lui plaisait.

- Alors, ça va ? demanda-t-il.

Il eut un glapissement étranglé lorsque les deux prunelles émeraudes qu'il connaissait si bien se tournèrent vers lui. James passa une main dans ses cheveux, gêné, et oublia de relâcher Evans.

Et c'est dans cette position inconfortable qu'il se préparait à se faire tuer.

J'entendis distinctement un glapissement venant de mon interlocuteur, me faisant sursauter. Ce timbre de voix... Levant les yeux, je le vis. Mon coeur manqua un battement alors que je le reconnus. Lui... justement, alors qu'il était le seul que je voulais à tout prix éviter.

Généralement quand je le croisais dans un couloir, je faisais comme si de rien n'était et passais à côté de lui, sans un regard pour lui, la démarche fière, la tête haute, le coeur en miette. Mais comment faire semblant, alors qu'il était là, juste devant moi, ses yeux marrons plongés dans mes siens, une de ses mains sur mes hanches, l'autre sur dans ses cheveux.

D'ailleurs, c'est à ce moment que je remarquais pour la première depuis que je le connaissait que ce geste pouvait avoir deux significations. L'une déplaisante, celle qui m'irritait, indéniablement accompagné de son sourire aguicheur de m'as-tu-vu. L'autre, plus naturel, exprimant simplement de la gêne.

Je clignais des yeux, coupant cours à mes songes. Ce n'étais pas le moment de s'épancher dans la très longue liste des attitudes et mimiques de James Potter...

Peut-être aurais-je dus lui reprocher de m'être rentrée dedans. Peut-être aurais-je dû l'engueuler et rejetait la haine que j'avais accumulé à son égard d'un coup. Mais en se moment, alors qu'il semblait si piteux et que j'avais encore tellement mal au coeur, la seule chose que je trouvai alors à dire fut :

-'ésolée. 'Regardais pas devant moi.

Tout ça en bafouillant, tête baissée dans la contemplation ô combien intéressante de mes chaussures... Quelle idiote ! A la réflexion, je crois que même lui, il s'attendait à se faire engueuler. Mais je n'avais pas encore digérer.

Lily ! Mais qu'est-ce que tu attend ! Déguerpis !, m'hurla ma conscience.

Mais je restais là, à regarder mes chaussures comme une cruche, les membres engourdi par un mélange de nervosité et de honte.

Elle cligna des yeux.

Les prunelles émeraudes disparurent un instant sous ses paupières puis réapparurent, insistantes.

Il crut d'abord voire de la rage, de la colère, de la haine, de la tristesse, du désespoir. Mais non. C'était juste de la résignation. Comme si elle avait déjà oublié.

Elle t'a bien qu'elle ne t'aimais pas, susurra malicieusement le Serpent.

Il eut un coup au coeur, beaucoup plus douloureux que prévu. Il ne l'aimait pas. Pourquoi ça faisait aussi mal, alors ? James fut tenté de baisser la tête. Et alors qu'il allait le faire, Lily - non, Evans - le devança avant de dire :

- 'ésolée. 'Regardais pas devant moi.

Elle bafouillait, et contemplait ses chaussures. Le signe parfait de la gêne que lui-même ressentait. Il se figea, une main dans ses cheveux et l'autre encore sur les hanches de la rouquine. Bon, il avait bien vu qu'elle était impassible, calme, lorsqu'elle s'était heurtée contre lui et l'avait regardé. Or, maintenant... Elle ne devait pas s'énerver ? Ou au moins afficher un air blasé ?

James enleva sa main des hanches, certes délicieuses, de la Gryffondor. La Préfète n'avait pas explosé, d'accord, il ne fallait tout même pas tenter le diable...
Et s'il lui répondait, tiens ? Il aurait l'air moins idiot, à l'observer, planté dans un couloir, non ?

- Euuuh...

Il repassa sa main dans les cheveux. Que devait-il lui dire ?

Dis-lui ce que tu penses. Qu'elle t'obsèdes. Que tu ne l'aimes pourtant pas. Que tu voudrais ne plus jamais la revoir. Qu'elle a des hanches à tomber. Il fit taire la voix d'une insulte silencieuse.

Et il se contenta d'un placide :

- Evans, je vais te laisser, j'ai d'autres choses à faire. La prochaine fois, fais attention. Il n'y aura toujours pas un gentil garçon pour te rattraper...

James se mordit violemment la langue. Quel con ! " Un gentil garçon " ? Elle ne devait pas le trouver si gentil vu ce qu'il lui avait fait subir...

Je sentis un poids s'enlever lentement de mes hanches et je sursautais. Je ne m'étais même pas rendu compte de sa main, nonchalamment posée sur ma hanche droite, comme s'il en était le propriétaire. Ou alors il avait simplement oublié de l'enlever. Simplement.

Il parut gêné. Nouveau passage de main désinvolte dans ses cheveux... Deux fois en même pas une minute ? Cela devenait plus qu'une habitude. Un tic. Un peu dérangeant. J'eus soudain l'envie de lui hurler à la figure :

"Mais merde, arrête ton cirque ! Ils sont déjà assez décoiffés tes p***** de cheveux !"

"Un gentil garçon." Le pire, je crois, ce fut le ton provocateur avec lequel il OSA me dire ça.

Mais je ne sais pas pourquoi, cela fit monter une drôle de chose en moi. Cette chose...ce sentiment, jusqu'alors resté bloqué dans mon ventre. Cette chose que je n'avais pas voulut faire sortir parce que... j'avais peur. Peut-être était-ce la cause de mes tremblements et de mon souffle court. Oui, c'était sûrement ça...

Bref, ce sentiment, chaud, brûlant, bouillant même, remonta jusqu'à mon échine. Ce ne fut que quand elle y parvint que j'en saisis l'origine. La haine. Je commençais enfin à la ressentir. Il était temps.

-Tu es loin du petit garçon gentil avec tout ceux qui l'entoure. Toi, tu es le crétin adulé des filles qui ne sait que se pavaner et se moquer des sentiments des autres !

Puis, pour appuyé mes dires, je passais à côté de lui, , trèèès lentement, et le bousculait néanmoins avec une force assez puissante pour le faire légèrement osciller. Légèrement car il était bien trop musclé pour que son mètre 85 soit entamé par mon pauvre mètre 65. Je fis exprès de marcher avec une effroyable lenteur parce que j'avais envie qu'il me réponde. Et de répliquer. Pour enfin lui dire ce que j'avais sur le coeur.

D'accord, je venais d'avoir deux réactions totalement opposés en un laps de temps étrangement court. Mais n'étais-je pas Lily Evans, réputée pour son caractère de feu ? C'est avec un petit sourire satisfait que j'attendis sa réponse.

-Tu es loin du petit garçon gentil avec tout ceux qui l'entoure. Toi, tu es le crétin adulé des filles qui ne sait que se pavaner et se moquer des sentiments des autres !

Des sentiments des autres ? Oh... Cela voulait-il dire que Lily Evans avait eu des sentiments pour lui ?

La voix, insidieuse, ne parvint pas à gommer la brusque bouffée d'arrogance qui montait en lui. Il faisait vraiment tomber toutes les filles. Même l'intello au caractère de lionne, la Préfète Parfaite n'avait pas réussi à lui échapper. Aha. Elle lui avait glissé longtemps entre les doigts mais elle était tombée, comme toutes les autres, amoureuse.

Avant qu'il n'ait eu le temps de savourer, Evans passa à coté de lui. Lentement. Assez lentement pour qu'il ait le loisir d'admirer son profil gracieux, son nez droit, sa fine silhouette, ses hanches, ses lèvres pleines et surtout, ses prunelles émeraudes... Hypnotisantes.

Elle le bouscula. Frêle brindille contre lui, il oscilla. De toute façon, elle n'avait jamais été forte. Du haut de son mètre 65, elle faisait un peu gamine. Gamine au corps de femme.

Alors qu'il admirait une fois de plus ses formes, les paroles de la rouquine le frappèrent.

Hé ! Elle l'avait insulté ! Trop occupé à se glorifier et à la regarder, il en avait oublié l'affront.

Vas-y frappe. Tu sais où ça peut faire mal.

Pour une fois, la voix n'avait pas tort. Les mots sont des armes.

- Je croyais que tu n'avais aucun sentiment pour moi... Chère Lily, tu viens de te trahir. Ainsi, tu étais amoureuse de moi ? Vraiment ?

Il s'approcha d'elle.

Plus que James Potter, plus qu'un Gryffondor, plus qu'un Maraudeur, il était... Serpent ?

Sa démarche languide, ses yeux séducteurs, son visage avenant. Il n'était peut-être pas comme Sirius, au physique parfait, mais il possédait un charisme, une aura. Qui attirait. Inexorablement.

- Je t'ai brisée ?

Chuchotement. Avide.

- Tu préférais vivre dans le mensonge, dans une relation tuée dans l'oeuf, pourrie jusqu'à l'os ? Tu voulais que je profite de toi, te laissant l'espoir que je t'aimais ? Je ne suis pas si cruel que ça, Lily.

Le Lily sonna comme une promesse, un serment.

- Je t'aimais ! Avant ! Avant que tu me repousses, que tu me casses... Que tu me brises ! " Trop arrogant, trop crétin et bla bla bla ". Tu te trouvais trop bien pour moi ! Tu pensais que j'allais t'ajouter à mon tableau de chasse ! Mais quel tableau de chasse ? Je t'ai déclaré que je t'aimais à QUATORZE ANS ! A quatorze ans, on n'a aucun tableau de chasse ! C'était au début de cette année !

Si la haine avait éclaté dans le coeur d'Evans, le ressentiment était en train d'investir celui de Potter.

- C'est toi qui as tout détruit ! Par nostalgie, par besoin d'amour, je me suis illusionné la suite... Que je t'aimais encore malgré tout. FAUX ! Et quand l'horrible vérité m'est apparue, j'ai préféré mettre un terme à tout ça.

Il se recula. Le dernier mot, le " ça " qui caractérisait leur relation avait été prononcé à quelques millimètres des lèvres de la jeune fille.

- Je trouvais ça plus juste envers toi. Car j'ai du respect pour toi. Et je regrette profondément de m'être leurré ainsi, de t'avoir trompée ainsi. Et surtout, je regrette que t'ai tout foutu en l'air. Ça aurait pu être vraiment bien. Une de ses histoires de légende. On serait morts ensembles.

Son esprit avait maintes fois vagabondé sur son avenir avec elle. Aujourd'hui, c'était fini.

- Alors, maintenant, tu fermes ta gueule et tu dégages. Je veux plus te voir, Evans, acheva-t-il. T'as causé assez de fêlures sur moi. Tu as tout détruit. Ne viens pas m'accuser. Et surtout, ne viens pas me faire des reproches sur mon comportement ! Tu sais très bien pourquoi je suis comme ça, tu sais très bien comment je suis autrement ! Tu n'as pas oublié nos moments passés ensembles, non ?

[ Réponse tardive. Mais je me suis déchainé. Et t'as vu à quel heure je le poste ? =B ]

Je fermai les yeux et attendit que ses mots aiguisés se plantent dans mon cœur. Mais la douleur ne venait pas. J’avais dépassé ce stade. Je ne l’aimais plus assez pour avoir mal.

-Tu n’es qu’un imbécile, tu le sais ? Tu es resté enfermé dans ta rancœur en ne cherchant même pas à comprendre. Tu m’as désigné coupable d’office et…

Je détournai le regard en me mordant les lèvres. C’était le seul moyen de m’empêcher de lui crier toute les horreurs que j’avais en tête. Il comprendrait alors l’ampleur de ce que je ressentais et il l’utiliserait pour me faire souffrir encore plus.

Comme il savait si bien le faire…

-Tu viens tout juste de te comprendre que je t’aimais ? Eh bien tu es long à la détente… Je ne me suis pas trahie. Je le savais depuis le début que je t’aimais et si je te l’ai caché ou que j’ai essayé de démentir... C’est parce que je savais qu’un jour tu essaierais de me faire mal. Et ce jour, c’est aujourd’hui.

Je m’arrêtais alors que j’avais encore bien des arguments. J’étais en train de me perdre. De m’égarer. Je ne voulais pas le rendre coupable de ce qui c’était passé mais la douleur avait été beaucoup plus forte que moi.
Plus forte que Lily Evans.

Elle m’obligeait à prendre le même chemin que lui. A le faire souffrir autant que lui voulait me faire souffrir.

-Je le reconnais. Tu as raison, avouais-je à contre cœur. Je t’ai fais du mal,… je nous ais fait du mal. Je connais ma part de responsabilité. Et toi ? Et quand tout ça à commencer. Quand… je suis tombée amoureuse de toi, tu n’y as pas réfléchis ? Tu ne t’ais même pas posé la question : « est-ce que je l’aime vraiment » ?

Mon regard chercha le sien et essaya de lire en lui. Il me semblait y parvenir une minute. Avant de perdre à nouveau le contact.

-Tu veux me faire passer pour la méchante ? Bien. Mais est-ce que tu n’aurais pas du me repousser dés le départ ? Est-ce que tu es certain de ne pas t’être fait d’illusions pour me faire souffrir ? Rien qu’un peu ? Pour que j’ai le temps de m’attacher et que la rupture soit encore plus dure ? Et réfléchis avant de nier.

Bien sûr, il démentirait. Il dirait que c’était bien fait et que je n’avais eu que ce que méritais mais au moins, c’était sorti. Je me sentais beaucoup plus légère maintenant. Je n’avais plus qu’une toute petite chose à faire…

-Et pour tout ce dont je suis responsable… Je m’excuse.

En faisant passer au dessus de ce qui comptait le plus pour moi, ma fierté, je le bloquai. S’il voulait faire de même, il me donnait raison, s’il fuyait ou me contredisais, là encore, il me donnait raison. J’avais gagné.

Je m’approchai, lentement, d’une démarche négligente, bougeant mes hanches presque imperceptiblement, assez pour détourner son attention. Mes yeux jouaient avec lui, faisant les timides, ne le regardant jamais dans les yeux.

Je n’étais pas idiote. Je savais exactement quel était son point faible. Mon physique. Et si je ne m’en étais jamais servie abusivement, c’était le moment où jamais de commencer.

-Peut-être pas aujourd’hui, ni demain, ni même dans un an. Mais je te jure qu’un jour, tu te mordras les doigts d’avoir laissé passé, ça.

Le dernier mot, le « ça » qui caractérisait notre relation avait été prononcé à quelques millimètres des lèvres du jeune homme.


Je me reculai, toujours avec la même démarche provocante, pas très fière de moi. Essayer de jouer à son jeu, c’était horriblement bas. Pour moi en
tout cas.

-Ho ! Et n’oublie pas…

Doucement, presque caressante, je me baissais et fouillai un instant dans mon sac avant de me relever lentement. Cette fois, je ne le lâchai pas des yeux et m’avançai vers lui sinueuse comme un serpent. Avec plaisir, je le vis reculer encore et encore, jusqu’à être acculé contre un mur. Là je m’avançai encore jusqu’à pouvoir lui murmurer ces mots à l’oreille :

-On ne dit jamais « La ferme » à Lily Evans.

Et avec toute ma force, je le frappai au visage avec un livre que j’avais trouvé dans mon sac.

Zut ! Je n’avais pas entendue de craquement. C’est bête, j’aurais bien aimé lui cassé le nez…

Ca y était, j’avais déclenché la guerre, je le savais. Jamais il ne me frappera physiquement, ça je le savais pertinemment. Il frapperait au cœur en me faisant souffrir dès qu’il le pouvait. Et je préférais nettement ça à nos piètres engueulades sans queue ni tête.

-Navrée, lui dis-je avec un grand sourire en lui tendant une main pour l’aider à se relever.

Je savais déjà qu’il allait la refuser mais je sentais que ça allait devenir mon nouveau passe-temps : faire s’effondrer ses certitudes et le rendre fou... de rage !

-Tu n’es qu’un imbécile, tu le sais ? Tu es resté enfermé dans ta rancœur en ne cherchant même pas à comprendre. Tu m’as désigné coupable d’office et…

Elle avait les yeux fermés. James retint un soupir de soulagement. Les prunelles émeraudes ne faisaient plus parti de son supplice, à présent. Quelle douleur que de voir tant d'émotions passer ! Malgré que l'amour envers la jeune fille de sa part soit inexistant, il l'appréciait. Il la respectait. Mettait de coté tout le mal qu'elle lui avait fait. Il avait du mal à se définir par rapport à elle. Sympathie ? Haine ?

Elle ouvrit subitement les paupières. Détourna le regard. Se mordit la lèvre. Il la contempla, hypnotisé par sa bouche lascive, ses lèvres pulpeuses qui dévoilaient l'éclat immaculé de ses dents pointues.

-Tu viens tout juste de te comprendre que je t’aimais ? Eh bien tu es long à la détente… Je ne me suis pas trahie. Je le savais depuis le début que je t’aimais et si je te l’ai caché ou que j’ai essayé de démentir... C’est parce que je savais qu’un jour tu essaierais de me faire mal. Et ce jour, c’est aujourd’hui.

Pff. Mélodrame, quand tu nous tiens. James fit taire la voix d'un ordre silencieux. Il n'avait pas besoin des commentaires sarcastiques de Serpent. Alors qu'il allait répliquer, sa bouchant s'ouvrant dans une tirade enflammée, passionnée, la Préfète le devança.

-Je le reconnais. Tu as raison, avouais-je à contre cœur. Je t’ai fais du mal,… je nous ais fait du mal. Je connais ma part de responsabilité. Et toi ? Et quand tout ça à commencer. Quand… je suis tombée amoureuse de toi, tu n’y as pas réfléchis ? Tu ne t’ais même pas posé la question : « est-ce que je l’aime vraiment » ?

Bien sur que si. Mais les illusions, trop fortes, trop puissantes, lui laissaient entrevoir un véritable amour. Alors, le pauvre y croyait, cherchait des plans de séductions, savourait chaque moment passé avec elle, l'aimait.

Faussement.

Le regard de Lily essaya de capter le sien. Envouté, le Gryffondor se laissa prendre.

On peut dire ce qu'on veut, elle a un vraiment un visage, un corps à se damner. La voix commençait à tomber dans ce registre-là ? Ce n'était plus les remarques acides sur la rouquine, maintenant ?

-Tu veux me faire passer pour la méchante ? Bien. Mais est-ce que tu n’aurais pas du me repousser dés le départ ? Est-ce que tu es certain de ne pas t’être fait d’illusions pour me faire souffrir ? Rien qu’un peu ? Pour que j’ai le temps de m’attacher et que la rupture soit encore plus dure ? Et réfléchis avant de nier.

Voilà qu'elle se prenait pour le centre du monde. Bien sur que non.Il avait un certain aspect Serpentard, cruel et vil mais il y avait une limite à tout. Non, il croyait vraiment l'aimer. Sans aucune faille, rien du tout. Jusqu'à cet instant fatidique au Parc. Cependant, il préféra se taire. Lily n'attendait qu'une chose. Qu'il nie, qu'il parle, pour reprendre les hostilités, se faire plus blessante, plus acérée dans ses paroles !

Certes, elle froissait son orgueil, en déformant la vérité. Mais il était lassé. Il voulait seulement ne plus la voir, qu'elle cesse d'exister pour lui. Bien sur, il commençait sincèrement à la détester, à vouloir se faire passer pour la victime et lui le bourreau. Et aussi, parce qu'elle avait une emprise incroyable sur ses sens.

Foutue beauté.

Alors, il ne contenta que d'un seul geste. Il planta ses yeux dans ceux de son interlocutrice.

Le regard de James étincelait de haine.

-Et pour tout ce dont je suis responsable… Je m’excuse.

...
...
...

La mine, désabusée et blasée du jeune homme, montra bien le peu de cas qu'il faisait de ses excuses. Il s'en fichait. Ce qui avait été fait ne pouvait être défait. Elle le fatiguait. L'angoissait, surtout. Car elle dévoilait une personnalité de lui qu'il ne connaissait pas.

Serpent en était le parfait exemple.

Il voulait juste une chose, oublier son physique de rêve, oublier les défauts qui apparaissaient. Oublier Serpent.

Soudain, Lily s'avança.

Ses hanches se balançant à un rythme imperceptible, son sourire de reine éclatant de milles feux, ses yeux, bijoux, qui papillonnaient.

Putain. Comment pouvait-elle être aussi sexy ? Comment pouvait-elle lui sembler si jolie après tout cela ?

-Peut-être pas aujourd’hui, ni demain, ni même dans un an. Mais je te jure qu’un jour, tu te mordras les doigts d’avoir laissé passé, ça.

Comme lui, elle avait prononcé le dernier mot à quelques millimètres de sa bouche. Comment résister ? Il n'aimait pas Lily. A vrai dire, elle l'agaçait. Mais... Elle était si...

Elle se recula, avant qu'il n'ait le temps d'happer son visage, de réclamer un baiser.

Il voulait juste assouvir ses hormones... Pas de sentiments, dans cette attirance là.

-Ho ! Et n’oublie pas…

Elle va te jouer un sale tour. J'en suis sur. Potter, je sais que tu ne m'aimes mais dégage de là ! La voix devenait de plus en plus amicale... Mais il ne l'écoutait pas. Evans farfouillait dans son sac. Ses cheveux foncés faisaient comme un rideau, cachant son visage fin. Il la fixait. Encore. Assoiffé par la grâce qui se dégageait d'elle.

Enfin, elle parut trouver ce qu'elle cherchait.

Elle s'approcha une nouvelle fois de lui. Mais sa démarche avait changé. De langoureuse, elle était devenue sinueuse, insidieuse.

La voix avait raison.

Il se recula. Encore. Jusqu'à toucher le mur. Elle vint murmurer à son oreille :

-On ne dit jamais « La ferme » à Lily Evans.

Et là, d'un coup sec, elle abattit son livre ( de sortilèges ? ) sur sa tête. Ou plutôt, dans son visage. Sous la piètre violence de la jeune fille, James ne craignait rien. Or, le livre devait bien peser lourd, car il l'envoya rencontrer le sol.

Sa tête se heurta au mur. Et, alors qu'Evans lui répliquait un " Navré " avec un grand sourire en tendant sa main ( provocation ultime ), James passa sa main à lui derrière son crane.

Lorsqu'il la retira, elle était pleine de sang.

Plus d'indifférence. Plus d'attirance. Pus de faux-semblants, de disputes de vieux couples se rejetant les torts l'un sur l'autre.

Non...

La haine. Et une mise à mort. Qui crèvera le premier ?

Il se ne releva pas. Se contenta d'agripper le poignet si fin de cette chère Préfète qui était tout proche.

Il la tint fermement. Plus fort qu'elle, et malgré ses nombreuses tentatives pour se dégager, elle était et serait toujours en son emprise.

Enfin, il se redressa. Il la dépassait largement.

- Sale garce.

Son murmure, rauque, avait de quoi effrayer. Surtout que cette impression était renforcé par sa poigne de fer, l'éclat meurtrier dans ses yeux et le sang, fluide, qui dégoulinait de partout.

- On se donne des airs, hein ? On prétend tout savoir ? On veut que sa vie soit aussi parfaite que celle qu'on voit dans ses bouquins d'intello ?

Il accentua la pression sur le poignet d'Evans.

- Tu sais pas. Tu sais pas ce que j'aie enduré, pour toi. Je t'ai désignée coupable d'office ? Mais toi aussi ! Je me suis enfermé dans ma rancoeur ? Mais toi, tu t'es enfermée dans la haine ! Tu savais qu'un jour j'allais te faire du mal ? Eh bien, tu as raison. J'en ai assez de briser ton coeur, ton pauvre égo, et ta fierté. Si, aujourd'hui, je te brisai autre chose ?

Il sourit.

Sourire de dément.

- Cependant... J'ai envie de t'expliquer certaines choses. Je ne peux pas te laisser t'enfoncer dans le mensonge. Nos joutes verbales ne m'amusent plus. Car après ma petite explication, nous ne reparlerons plus jamais de ça. Je connais un très bon sortilège d'ailleurs, que je me lancerai, plus tard.

Elle sembla sur le point de dire quelque chose. De son autre main, celle pleine de sang, il la fit taire. Quand il l'enleva, sa bouche était baignée du fluide rougeâtre et amer.

- Quand tu as commencé à tomber amoureuse de moi... J'étais tellement heureux ! Pas besoin de me questionner, je t'aimais ! Mon illusion n'avait aucune faille, tu comprends ? Tu avais brisé le véritable amour que je te portais. Alors moi, pour me protéger, pour m'aider, je me s'en suis fabriqué un autre. Sans m'en rendre compte ! Tu comprends ? J'avais besoin d'aimer quelqu'un pour être bien... Mais, quand je me suis rendu compte que je t'aimais pas, que tout a volé en éclat, je te l'ai dit !

Il susurra :

- Désolé d'avoir brisé ton joli petit coeur. Me demande combien de temps tu mettras avant de refaire confiance aux garçons...

Il parut se rabrouer. Sursauta.

- Mais, ce n'est pas tout ça. Tu as vu ? Tu m'as blessé ! Tu m'as fait mal ! Et ce n'est que physiquement, bien sur. Pas comme toi. J'entendrai presque les morceaux de ton coeur se briser.

Nouveau sourire. Plus calme.

- On joue à la garce ? On se prend pour quelque chose ? " On ne dit jamais « La ferme » à Lily Evans. ", singea-t-il. Et c'est moi l'arrogant ? Eh bien...

Ses prunelles chocolats se posèrent sur la gorge de Lily. Puis remontèrent,lentement, jusqu'à ses yeux.

- On ne joue jamais à la garce avec James Potter.

Et dans un geste sec, il tordit le poignet d'Evans. Une fois, elle ne dit rien. La deuxième fois, elle eut les larmes aux yeux. La troisième fois, elle cria.

La quatrième, il le lui brisa.

Il la lâcha. En pleurant, elle tomba par terre.

-Oh... Ne va pas me faire ton numéro de " Je suis une fille, t'as pas le droit de me taper ". Tu m'as lancée un livre dans la figure. Et, grace à ta haine, j'aurais sans doute une commotion cérébrale. Donc, pas de remords, ma jolie garce...

Il se tendit vers elle.

- Navré, lui dit-il avec un grand sourire en lui tendant une main pour l’aider à se relever. Et puis... En fait non.

Il remit ses mains dans les poches. Et abandonnant le corps prostrée de la jeune fille, il se dirigea vers la sortie du couloir.

J'avais le souffle court. Encore sous le choc, je regardai l'endroit où il se tenait en me disant ces mots :

- Sale garce !

J'avais du mal à comprendre. Naïvement, je n'avais pas pensé que la colère pourrait l'amener dans de tels recoins de sa personnalité. Pendant un moment, une étincelle horrifiante avait brillé dans son regard. Cruel.

Même si je n'avais eu que ce que je méritais... Il avait été un autre pendant quelques minutes. Au dessus de tout ce que j'avais pu penser de mal sur lui. Le James que je croyait connaître n'aurait pas fait ça.

Il avait raison. J'avais vraiment été... une garce. Comment est-ce que j'ai pu ? Comment est-ce qu'il a pu ?

Je tremblai si fort que j'avais l'impression d'être fait de cristal et que je risquai de me briser au premier coup de vent. Me briser... Je regardais mon poignet. Il l'avait cassé avec tant de faciliter... Est-ce qu'il était tellement blessé qu'il ne s'était plus maîtrisé ou était-ce une partie normale de sa personnalité, qu'il prenait soin de cacher sous son affabilité ?

Il fallait que je me bouge et ne plus revenir ici. Son regard me hantait, anéantissant ma haine à grand coup de culpabilité. J'avais mal.

Lentement, je me relevai et me allai chercher mon sac, en plein milieu du couloir. Puis je fis demi-tour, me dirigeant vers l'infirmerie. J'avais à peine fait deux pas que mon pied buta sur quelque chose. C'était mon livre de métamorphose dont le blanc immaculé était tacheté de sang. Son sang.

Comment est-ce que j'avais pu le blesser ? Qu'est-ce qui m'étais passé par la tête ? Je le ramassais de ma main valide et le fourrait dans mon sac. Piteuse, je repris le chemin de l'infirmerie.

[ On verrouille et on reprend à l'infirmerie ? ]

(Hs : Oui. Je peux faire le sujet ?)

[ Lache-toi ! ]