Ecrire une lettre, c'est bien beau ... [Libre]

On était samedi. Samedi, c'est un bon jour. En effet, le samedi pas de cours, pas d'heure pour se lever, pas d'heure pour les repas, pas d'obligation en fait. Et lorsqu'il n'y a pas d'obligation, le jeune Kristopher est un adolescent comblé. Après avoir passé une heure éveillé dans les couettes chaudes de son lit poufsouffléen, il s'était levé, avait frissonné au contact du sol froid, avait pris une douche puis était allé prendre son petit déjeuner dans la Grande Salle aux couleurs de l'hiver aux côtés de ses camarades de Maison. C'était d'ailleurs lors de ce repas que, voyant l'abondance de lettres destinées à ses camarades, Poufsouffles et autres, il se souvint que cela faisait plus de trois jours qu'il n'avait pas écrit à son frère, et accessoirement à ses parents mais cela ne le gêna pas plus que ça.

C'est ainsi que, mâchonnant encore son pancake au sucre à moitié avalé, faisant un signe de tête à son meilleur ami pour lui indiquer qu'il allait envoyer une lettre au cas où celui-ci voulait le rejoindre après son petit-déjeuner, il s'en était retourné à la Salle Commune prendre du parchemin, de l'encre et une plume, avant de se diriger nonchalamment mais néanmoins d'un pas décidé vers le seul endroit qui lui permettrait d'envoyer une lettre vers le monde Moldu : la Volière du Château. Arrivé à destination, trouvant un endroit miraculeusement dispensé de fientes, le jeune homme s'assit, sortant son matériel, et commença à écrire un peu tout ce qui lui passait par la tête.

Il froissa le parchemin à trois ou quatre reprises puis entreprit de réfléchir un peu avant de recommencer à écrire. Après tout, ce n'était pas futile. Il avait envie, et même besoin d'écrire à son jumeau. Mais en y réfléchissant, il ne savait jamais quoi lui dire. Après tout, ses journées à Poudlard étaient rythmées comme du papier à musique : lever, douche, repas, cours, repas, pause, cours, devoirs, douche, repas, discussion avec les gars, coucher. Rien de très palpitant.

Regardant alors l'immensité du ciel de Janvier qui s'offrait à lui, les centaines de hiboux et de chouettes alignés autour de lui qui le regardaient aussi, bien cachés dans leurs plumes, il resserra son écharpe noir et jaune autour de son cou et les pans de sa veste autour de son torse et pensa à ce qu'aurait bien pu être sa vie s'il avait, lui aussi, été un Cracmol. Ou encore si leurs places avaient été échangées : Lisandre étant un sorcier, et lui, Kriss, un Cracmol. Et il se perdit alors dans ses pensées.

*Bah déjà j'aurai jamais vu la couleur du Château, ni sa taille, même si Li' m'aurait tout détaillé comme je le fais, ç'aurait jamais été la même. Ensuite j'aurais ... J'aurais jamais rencontré Julian, ce serait tout de même plus que regrettable. Puis ... Ah ouais, j'aurais jamais pu m'intéresser aux Sortilèges et à la Métamorphose, et j'aurais jamais suivit des cours avec Flitwick et McGonagall ... Horrible ! Et puis ... Je serais allé dans une école moldue publique, à continuer d'étudier les trucs chiants comme les maths, la physique, le sport sans balai, et tout cela avec des ennuyeux ou lourds Moldus ... Et Lisandre aurait vécu comme moi je vis ... Il aurait été le meilleur ami de Ju', il aurait sa baguette, aurait appris à voler sur un balai, à jouer au Quidditch, aurait vécu ici, avec mes potes, mes cours, mes professeurs ... D'un côté, je suis heureux d'avoir fait exploser ce rôti à sept ans. Même si c'est malheureux que lui n'ait pas de pouvoirs ... Encore que, s'il avait été là, j'aurais pas été le même ...*

Toujours dans ses pensées, les bras posés négligemment de part et d'autre de ses jambes en tailleur, la plume reposant sur le sol et la bouteille d'encre à moitié renversée de l'autre côté, il n'entendit pas des pas se rapprocher au loin, ni même les hiboux et chouettes piailler à l'arrivée d'un élève qui, sans doute, venait lui aussi pour écrire ou bien recevoir une lettre, du monde Magique ou Moldu. Il continuait de réfléchir, essayant d'imaginer sa vie, d'une morosité peu commune, s'il avait dû rester à Bristol en compagnie de ses aimés -sans ironie- parents mais tout de même loin de son frère, d'une part de lui-même.

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